Comment évoquer les projets de l'Association Salomon pour 2018 sans commencer par une émouvante pensée à la mémoire d'Alain Conan, ami et Président de l'AS, disparu en mer le 6 mars 2017...un an déjà.
Le Mystère La Pérouse et ses rebondissements dans le temps nous captiveront toujours. Le dernier en date nous vient d'Australie, où Garrick Hitchcock, ethnologue universitaire, spécialiste des populations de Papouasie et du détroit de Torrès, se passionne à son tour par l'énigmatique histoire La Pérouse. Au cours de ses séjours dans les îles du détroit de Torrès, particulièrement Murray Island, île située au nord de la Grande Barrière de corail à l'entrée du détroit de Torrès, des traditions orales concernant des naufragés à la fin du XVIIIème l'ont mis sur la piste d'un récit publié en Inde en 1818 dans le Madras courrier. Cet article mentionne les dires de Shaik Jumaul, matelot indien à bord du brick anglais Morning Star qui fit naufrage sur l'île Murray en 1814. Cet homme, seul rescapé, a vécu quatre ans sur l'île avant d'être retrouvé. Pendant son séjour, il apprit la langue et put observer, aux mains des indigènes, des sabres et des mousquets qui n'étaient pas de facture anglaise, également un compas et une montre en or.
Demandant la provenance de ces objets, un vieillard lui raconta qu'une trentaine d'années plus tôt un bateau avait fait naufrage sur les récifs de l'île. Ce récit fut publié à l'époque en Angleterre et en France. De manière surprenante, si le nom de La Pérouse a été avancé, aucune suite n'a été donnée ! Ce récit nous semble très plausible, nous avons toujours pensé que les survivants du naufrage à Vanikoro ont cherché à rejoindre soit les Philippines ou plus vraisemblablement Coupang au Timor oriental. C'est ce que fit le commandant de la célèbre Bounty, le Capitaine Blight, un an plus tard en partant des Tonga à dix huit sur un canot de sept mètres cinquante !
Notre projet est donc une expédition franco-australienne sur cette île, à la recherche à terre et en mer de vestiges prouvant le passage des survivants de Vanikoro. C'est une expédition particulièrement coûteuse et nous sommes à la recherche de financements.
Raymond Proner, Vice-Président (illustrations fournies par Garry Hitchcock)
L'Association Salomon n'aurait jamais vu le jour sans la passion d'Alain Conan, disparu en mer lors d'une plongée, le lundi 6 mars 2017, sur le tombant du récif Sournois en Nouvelle-Calédonie.
Né à Nantes en 1944, calédonien de cœur, marin dans l'âme et passionné d'histoire, il fonde à Nouméa en 1981 avec des amis, une Association dont l'objectif est d'apporter quelques réponses concernant la disparition des deux frégates confiées par Louis XVI à Monsieur Jean François de Galaup comte de La Pérouse, pour une expédition scientifique autour du monde. Parties de Brest en aout 1785, elles feront naufrage à Vanikoro dans l'archipel des îles Salomon pendant l'été Austral de 1788.
220 marins et scientifiques disparaîtront et donneront naissance au «Mystère La Pérouse»
Durant 36 ans Alain Conan donnera toute sa passion et son énergie à éclaircir ce mystère.
Sous sa direction entre 1981 et 2008, huit expéditions archéologiques dont trois seront organisées avec le concours de la Marine Nationale et du DRASSM.
Les résultats sont à la mesure des engagements. La richesse du mobilier de fouilles remonté le pousse avec ses amis à créer le Musée Maritime de Nouvelle Calédonie qui abrite de nos jours cette extraordinaire collection.
Parallèlement, et toujours sous son impulsion, deux livres seront édités. Le premier en 1997 "A t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse"et le deuxième en 2008 "Le mystère La Pérouse ou le rêve inachevé d'un Roi".
En 2017, soucieux de transmettre au grand public toutes les connaissances, photos et archives concernant ce chapitre de l'histoire de France, Alain Conan crée un site internet et offre à tous un fabuleux instrument de recherches. http://www.collection-laperouse.fr/
Officier de la Légion d'Honneur, sa disparition laisse un immense vide parmi nous. Puisse ces sites entretenir la mémoire de ce personnage hors du commun.
Véronique Proner
1981
Mise en place d’un chantier sous-marin sur le site de la faille. Il permet à l’Association Salomon de remonter, outre quelques belles pièces de vaisselle, une chaîne de paratonnerre en cuivre, des couverts en argent, des perles de verroterie, une marmite en cuivre. Toutes ces pièces ont été authentifiées et inventoriées par un huissier à l’arrivée à Nouméa (Nouvelle-Calédonie).
1986
Seconde campagne de fouilles en collaboration avec les archéologues du Queensland Museum (Australie). A l’embouchure de la rivière Péou, mise à jour de traces de palissade pouvant dater du naufrage. En mer les plongeurs remontent des sites (fausse passe et faille), environ 500 objets qui seront traités et inventoriés en Australie. Les premiers ossements humains sont découverts dans la faille (quelques-uns ont été placés à l’intérieur du monument La Pérouse à Albi, ville natale du navigateur; les autres se trouvent dans le monument La Pérouse érigé à Nouméa en 1988).
1990
Troisième campagne de fouilles en collaboration avec le centre ORSTOM de Nouméa, le Musée d’Honiara (Iles Salomon) et le groupe Valectra (EDF). 600 objets sont relevés du site de la faille dont :
- Cinq pièces du « quart de cercle de Langlois » confié à l’astronome Lepaute Dagelet, embarqué sur la Boussole.
- Une fourchette en argent aux armes du capitaine de vaisseau Anne, Georges, Augustin de Monti, embarqué le 12 décembre 1787 sur la Boussole.
- Une montre en or et argent commercialisée à Nice par Antoine Reverdit.
- Une collection importante de minéraux.
1992
Traitement sur place par l’Association Salomon des objets remontés en 1990 et stockés à Lata (Iles Salomon).
1996
Signature d’une convention entre l’Association du Musée de l’histoire maritime de Nouvelle-Calédonie et les autorités salomonaises permettant de nouvelles fouilles ainsi que le retour à Nouméa des objets de l’expédition 1990 stockés à Lata et ceux de l’expédition franco-australienne de 1986, traités et conservés au Queensland Museum de Brisbane.
1997
Edition d’un ouvrage de l’association A-t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse? sur les expéditions dont le produit permettra le financement d’une partie des frais engagés pour les prochaines campagnes de fouilles.
1999
Inauguration du Musée de l’histoire maritime de Nouvelle-Calédonie avec la participation d’autorités salomonaises pour présenter l’essentiel des vestiges retrouvés à Vanikoro.
Nouvelle campagne de fouilles en collaboration avec la Marine Nationale, le DRASSM, et l’I.R.D. (Institut de Recherche pour le Développement).
A terre : cette campagne a permis de retrouver le camp des français. La diversité et la nature des objets prélevés apportent des informations très intéressantes concernant la survie des rescapés.
En mer : plusieurs centaines d’objets ont été découvertes parmi les plus significatifs :
- Une fourchette en argent aux armoiries de Fleuriot de Langle, commandant l’Astrolabe.
- Un graphomètre signé Langlois.
- Un corps de pompe à la royale.
- Une petite statuette en bois…
Reportages sur nos travaux à Vanikoro dans les revues nationales et internationales : National Geographic, Cols bleus, Fun plongée, Subaqua, Apnéa, Fisheye view, le Chasse-Marée.
Participation à l’élaboration d’une convention de partenariat culturel entre la Ville d’Albi (ville natale de La Pérouse) et la Province de Temotu dont dépend Vanikoro (Iles Salomon).
Nouvelle campagne de fouilles terrestres sur le site des Français rescapés de l’Astrolabe et de la Boussole. De nombreux vestiges sont retrouvés. Ils permettent de mieux mesurer l’étendue de ce camp.
Accord des autorités Salomonaises pour que le village indigène de Péou (Paîou), lieu où vécurent les Français, se nomme désormais officiellement : Péou-Village des Français.
2001
Un film réalisé par Yves Bourgeois, lors de la campagne de fouilles de 1999 a été présenté en janvier sur FR3, RFO et TV5 dans le cadre de l’émission Thalassa. Ce film intitulé Le mystère de Vanikoro est primé à Dijon (festival du film documentaire). Ce film a connu un énorme succès.
Un dépôt d’objets, pour une durée de 4 ans, provenant de nos fouilles à Vanikoro est effectué par le Musée de l’histoire maritime de Nouvelle-Calédonie en faveur du Musée La Pérouse d’Albi.
2002
Diffusion sur ARTE en juin du film d’Yves Bourgeois Le mystère de Vanikoro.
Publication par l’I.R.D. du rapport concernant la campagne de fouille de 1999.
Participation au bi-centenaire de l’Académie de Marine de Brest par le prêt à OCEANOPOLIS par le Musée de l’histoire maritime de Nouvelle-Calédonie d’une trentaine de pièces provenant des épaves des navires de La Pérouse.
2003
Juillet : recherches en Alaska des traces laissées par l’expédition La Pérouse dans la baie des Français (Lituya bay) en juillet 1786.
Novembre : nouvelle campagne archéologique à Vanikoro.
En mer : Un plan général du site de la fausse passe a été dressé. Une étude des pièces d’architecture du navire (quille, membrures, puits de pompes de cale) a pu être réalisée sur place. Le site de la faille a fait l’objet de fouilles méthodiques. De nombreux vestiges ont été relevés, dont :
- Un pistolet portant des initiales.
- Deux petits pierriers en bronze.
- Des poulies en bois.
- De la vaisselle intacte.
- Des pièces de monnaies.
- Une sculpture en pierre…
La découverte la plus émouvante et extraordinaire a été celle du squelette, presque complet, d’un individu de type européen âgé d’environ 32 ans.
A terre : le travail effectué en novembre 2003 par les archéologues terrestres a confirmé l’installation des français à Païou. Si les résultats des fouilles, malgré les moyens importants engagés, en particulier en matière de géophysique et de topographie, n’ont pas été à la hauteur des ambitions initiales, ils nous apportent encore de nombreux enseignements en éliminant par exemple certains sites. Il faut noter la présence en parallèle à l’équipe de fouille d’un entomologiste dont les recherches fructueuses pourront contribuer également au succès de l’expédition 2003.
2004
Analyse du squelette par l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale.(IRCGN).
Réalisation par Elisabeth Daynès d’un buste d’après le squelette découvert à Vanikoro. Ce buste a été financé par la société Gaztransport &Technigaz (GTT).
Présentation du film, réalisé par Yves Bourgeois Portés disparus. Plusieurs diffusions de ce film sur FR3 dans le cadre de l’émission Thalassa, sur TV5 et Arte.
De nombreux articles de presse relatent cette campagne de fouilles. Le magazine Géo lui consacre 12 pages.
Brest 2004 : Des objets provenant des épaves des navires de La Pérouse sont exposés dans le stand que la Marine nationale a consacré au grand navigateur lors de cette manifestation.
2005
Nouvelle campagne de fouilles à Vanikoro. Cette opération a regroupé plus de 120 personnes à bord du batral Jacques Cartier de la Marine nationale. Les objectifs que s’était fixée l’Association Salomon ont été atteints. L’identification de la Boussole a pu enfin être confirmée, par la découverte d’un sextant fabriqué à Brest, par Mercier. Parmi les objets relevés des épaves on peut citer :
- Un compas azimutal.
- Un canon de 6 de l’Astrolabe.
- Des petits verres à liqueur.
- Une poignée d’épée.
- Plusieurs pièces de vaisselles chinoises et européennes.
- Des bougeoirs.
- De nombreuses pièces de monnaie en argent
Un monument, semblable à celui érigé par Dumont d’Urville en 1828 à la mémoire de l’expédition La Pérouse, a été construit au même endroit et inauguré le 13 mai 2005, lors d’un grande cérémonie aussi émouvante que solennelle.
Les travaux à terre confirment l’étendue du camp des Français et laissent bien supposer qu’une partie est aujourd’hui recouverte par la mer.
De nouvelles pistes de recherches ont été révélées par la tradition orale. Le travail de l’ethnolinguiste a permis de dresser une carte toponymique de Vanikoro, de sauver quelques brides de deux langues ancestrales qui vont disparaître et de recueillir, dans le mystère des langues, la magie des légendes.
L’entomologiste du CIRAD, à l’image des naturalistes embarqués avec La Pérouse, a pu étudier, collecter et compléter les travaux réalisés en 2003.
Le film réalisé lors de ces fouilles par Yves Bourgeois, Le secret des déferlantes présenté et diffusé sur France 3 dans le cadre de l’émission Thalassa, en décembre, a connu un véritable succès.
L’Association Salomon a décidé d’écrire un livre qui fera état des connaissances acquises pendant quelques 25 années de recherches consacrées à La Pérouse.
2006
L’amiral Battet est sollicité par trois ministères (Défense, Culture et Recherche) pour organiser une ultime expédition à Vanikoro, dans le courant de l’année 2008.
La vaisselle , relevée lors de plusieurs campagnes de fouilles, sur l’épave de la Boussole et qui porte des armoiries d’ecclésiastique, est enfin identifiée. Elle appartenait à l’abbé Mongez, aumônier sur ce navire.
Un membre de l’association s’est rendu dans l’archipel au sud de la Nouvelle Guinée (Vitu Island) à la recherche de descendants de Lavaux, chirurgien sur l’Astrolabe.
Deux ouvrages relatant la mission Vanikoro 2005 sont édités : l’un écrit par François Bellec Les esprits de Vanikoro et le second par John Pendray Sur les traces de La Pérouse
2007
Année de transition et de préparation pour trois événements majeurs qui se dérouleront en 2008 :
- L’exposition La Pérouse du mois de mars à octobre, à Paris, au musée national de la Marine.
- L’édition du livre de l’association « Le mystère La Pérouse ou le rêve inachevé d’un roi » qui sera le livre de l’exposition.
- En mai et juin la campagne de fouilles Vanikoro 2008 en partenariat avec les ministères de la Défense, de la Culture et de la Recherche.