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Portraits et Témoignages

Cette rubrique vous offre un choix de témoignages ou de portraits audio de personnages contemporains
de Nouvelle-Calédonie racontant leur histoire et leur vécu sur un sujet maritime.
Pour plus de clarté,  vous pouvez écouter les témoignages tout en les lisant.
Cet espace est évolutif et sera progressivement alimenté par de nouveaux récits.

Août 2011…

Je suis arrivé en Nouvelle-Calédonie en 1974. En arrivant sur le territoire, je voyais, en me baladant dans le lagon des épaves, des carcasses rouillées un peu partout sur le récif.

Et je posais des questions aux gens avec qui j’étais : quel est ce bateau ? Qu’est ce qui est arrivé ? Un jour, je me suis dit, il y a tellement d’épaves… ça doit bien être marqué quelque part ! Puisque les gens ne pouvaient pas me donner leur histoire, je me suis intéressé aux archives de la Chambre de commerce, de la bibliothèque Bernheim, de la SLN qui a un centre de vieux journaux très important.

Maintenant, tout est centralisé aux Archives territoriales mais à l’époque, pas du tout. C’était un peu réparti dans tous les coins. Il fallait même aller chez certaines personnes qui avaient dans leur cave des tas de vieux livres : la France australe, la Calédonie, le bulletin du commerce qui a couvert une très grande période. Donc j’ai passé des nuits carrément à feuilleter les archives que je pouvais emmener chez moi. Je passais beaucoup de temps à la bibliothèque Bernheim et surtout à la Chambre de commerce. A l’époque, il y avait une salle toute poussiéreuse pratiquement abandonnée où il y avait des milliers et des milliers de journaux. Et c’est comme ça que, année après année, mois après mois, jour après jour, j’ai commencé à mettre une chronologie des histoires de mers et des naufrages. 

C’était une première approche et puis à un moment, je me suis dit, il faut que ça aboutisse à quelque chose. J’avais connu aussi Alain Conan quelques années auparavant, on avait été à Vanikoro ensemble. Lui avait fondé l’association Salomon et en 1984, j’ai fondé l’association Fortunes de mer…  

Pourquoi sommes-nous attirés par les épaves ? Evidemment, c’est une question qu’on peut se poser, je me la suis posée souvent. Il y a un côté mystérieux avec l’épave. Le bateau, c’est un lieu de vie et de transport de personnes et de matériel et d’un seul coup, il échappe à la volonté humaine et il se pose au fond et voilà.

Celui qui le découvre, que ce soit 20 ans ou 30 ans, des siècles après, continue l’histoire. Ça veut dire : on arrive, on plonge au cœur de l’histoire. Et quand on touche quelque chose, on est les premiers à toucher cet objet depuis le naufrage. Donc ça nous met en contact direct avec l’histoire et l’émotion de ce qui s’est passé à bord de ce bateau : le drame très souvent, parce que c’est lié à un drame. C’est une émotion qui est intense, qui nous prend, qui me prend moi à l’intérieur. C’est très difficile à expliquer... C’est prenant, c’est vraiment prenant.